« La Fille Mal Gardée » est un des plus anciens ballets encore dansé de nos jours.
La première de ce ballet a eu lieu au Grand Théâtre de Bordeaux le 1er Juillet 1789. Il y connut un véritable succès.
La chorégraphie était de Jean Dauberval, de son vrai nom Jean Bercher.
Né le 19 août 1742 à Montpellier, entré à l’école de danse de l’Opéra de Paris. Elève de Jean-Georges Noverre dont il applique les idées nouvelles (simplification des costumes, rejet des masques et des perruques, composition de ballets d’action…)
Nommé premier danseur en 1763, Maître de Ballet assistant de Noverre à l’Opéra en 1771.
Quitte l’Opéra de Paris pour le Grand Théâtre de Bordeaux en 1783 et en devient le Maître de Ballet de 1785 à 1791.
Jean Dauberval était un remarquable danseur. Sa façon de danser était très noble. Il fut aussi un excellent pédagogue. Parmi ses élèves on compte Charles-Louis Didelot, Jean-Pierre Aumer et Salvatore Vigano.
L’idée du Ballet « La Fille mal gardée », lui serait venue après avoir vu un eau forte de Pierre-Philippe Choffard ( 1730-1809) intitulée « La Réprimande », elle même tirée d’une gouache de Pierre –Antoine Bardouin.
Cette eau forte représentait une mégère villageoise chassant un jeune garçon, tandis qu’une petite paysanne fondait en larmes.
Dauberval en fit un ballet pantomime en 2 actes et 3 tableaux nommé « Le Ballet de la Paille » ou « Il n’est qu’un pas du mal au bien ». La musique était un pot pourri de 55 airs de musique populaire française à la mode. Mlle Théodore (Madeleine Crespi, épouse de Dauberval) en était Lison, l’héroïne. Colin était dansé par Eugène Hus. Gavotte, (aujourd’hui Simone) le rôle de la mère, était interprété par François Le Riche… C’est resté une tradition, ce rôle est souvent confié à un interprète masculin.
Lison, devenue Lise à notre époque, aime Colin, lui-même appelé Colas de nos jours. Cela contrarie la mère qui voudrait la marier à Nicaise (Alain), le fils d’un riche vigneron.
Dans la version de Dauberval, espiègle et tenace, Lison finit par triompher après mille ruses et détours. Colin l’enlève tandis que gronde l’orage et que Nicaise s’envole emporté par son parapluie. Il faut dire que Nicaise est un peu nigaud et maladroit.
« La Fille Mal gardée » est un des plus anciens ballets à être parvenu jusqu’à nous avec « Les Caprices de Cupidon » de Vincenzo Galeotti, ballet en un acte créé sur une musique de Jenz Lolle le 31 octobre 1786 au Théâtre du Ballet Royal de Copenhague. (Ballet en 1 acte).
« La Fille Mal Gardée » a été remontée de nombreuses fois.
En premier, par Dauberval lui-même, le 30 avril 1791 au Panthéon de Londres. Dauberval lui donne ce nom pour la première fois. Le succès n’est par au rendez-vous, surtout parce que l’orchestre boude la musique composée essentiellement d’airs populaires français.
1818 à 1820 : remonté par Didelot à Saint Petersbourg.
17 Novembre 1828 : remonté par Aumer à Paris. La partition est de Herold avec des adaptations de la musique originale, et quelques rajouts empruntés à Martini (particulièrement connu pour son « plaisir d’Amour »), à Rossini et à Donizetti.
1837 : Fanny Essler fait rajouter pour elle des variations sur des musiques de Donizetti et de Leborne.
7 novembre 1864 : Paul Taglioni, l’oncle de Marie Taglioni, confie la partition à Hertel.
1885 : Marius Petipa et lev Ivanov signent une chorégraphie sous le nom de « La Précaution Inutile ». le succès est prodigieux. Leur verson a été conservée à saint Petersbourg
18 septembre 1886 : Achille Balbiani présente sa version à Paris, à l’Eden Theâtre.
20 décembre 1903 : Gvorsky signe sa propre version qui est toujours la version officielle en Russie, dans certains pays d’Europe, en Amérique du Sud et aux Caraïbes.
1930 : Messerer rajoute un acte.
1937 : Lavrovski présente une version russe du ballet sur des musiques traditionnelles russes.
1942 : Les Ballets Russes de Monte-Crarlo présentent leur version.
Le 14 septembre 1960, sir Frederic Ashton propose une version complètement remaniée du ballet au Covent Garden de Londres. Véritable miroir du monde rural anglais, sa version déclenche un enthousiasme sans précédent. Les arrangements musicaux sont de Lanchberry, le chef d’orchestre du Royal Theater. Il reprend des musiques de Herold, Hertel, Delibes, Minkus, Pugni, Drigo, Rubinstein et Glinka. Ashton règle un spectaculaire pas de deux appelé le Pas des Rubans. Il garde le numéro de pantomime que toutes les premières Lise ont interprété : « quand je serai mariée » ;;; et il rajoute pour Simone un superbe numéro de claquettes sur le leitmotiv de la mère composé par Hertel. Cette version est la plus souvent dansée dans le Monde entier.
1971 : Vinogradov monte une autre version au théâtre Maly sur la musique de Herold.
1981 : Heinz Spoerli monte une version sous fond de révolution française sur des musiques de Herold et de Hertel arrangées par jean Michel Damase.
1985 : Claude Bessy monte une version pour les élèves de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris.
En Juin 1993, lorsque Claude Bessy choisit de présenter « La Fille Mal Gardée » au spectacle de fin d’année de l’Ecole de Danse de l’Opéra, elle confie le rôle de Lise à notre ancienne élève, Grand Prix Méditerranéen en avril 1991, entrée au Conservatoire de Toulouse en septembre 1991, Médaille d’or de Lausanne en février 1992, entrée en 1ère division de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris en septembre 1992. La mère est interprétée par Claude Bessy elle-même.
La photo correspond à une des versions de « La Fille mal Gardée » donnée par le Ballet Amantica…